anegeo 02/11/25
La Communauté Européenne de l’Energie Atomique, CEEA, dite EURATOM (EURopean ATOMic Energy Community), a été instituée par un traité de mars 1957 par six pays continentaux sous influence de leur mentor du plan Marshall (USA)
Euratom est née de l'échec de sept. 1954 de la CED, Communauté Européenne de Défense, poussée par les USA pour mettre notamment l'armée allemande face à l'URSS. Frustrés de ce échec, les P.H. Spaak (son CV là, Annexe A-6), J. Monnet (son CV) et cie, poussés aux fesses par leur mentors et financiers américains, voulaient relancer la machine à transnationaliser qui avait fonctionné pour la CECA, charbon-acier. Comme écrivent les mémoires dites de Monnet (commandées par la Ford Foundation et écrites par des atlantistes de Sciences Po, surtout François Fontaine grand fonctionnaire européen) :
" à lui seul, le problème de l'atome nous apparut à l'examen d'une dimension qui appelait son propre cadre de développement... Les rapports de nos experts ne laissaient aucun doute, l'énergie d'origine nucléaire supplanterait toutes les autres sources avant la fin du siècle–et pour des siècles…." - amen -
C'est en quelque sorte grâce à cet atome merveilleux que l'Europe a pu se faire vite, car les deux dossiers séparés, « l'atome » et « le marché », passeront d'un coup dans la même enveloppe.
On parlait déjà beaucoup d'uranium en Belgique par ex., qui réclamait maintenant récompense, sonnante et trébuchante, et avec applications (site de Mol), pour "son" uranium (du Congo, mais les indigènes c'est transparent) et ses dérivées qui avaient fait merveille à nettoyer les villes de Hiroshima et Nagasaki, bluffant les élites du monde (là).
Si l'on prend un Jean Monnet qui revient sur la France quand ses affaires financières à l'international ne marchaient plus comme avant, et avec l'âge, il avait comme conseil Jules Guéron qui a travaillé dans un volet annexe du projet Manhattan au Canada, qui est dans les créateurs du CEA, directeur du tout neuf Saclay de 1951 à 1954, et proche cousin germain par alliance (et les deux sont chimistes) du plus indispensable de l'équipe, l'ingénieur civil des mines, surtout ancien directeur chimiste de Kuhlmann, Étienne Hirsch (J. Guéron embauche au CEA la fille de E. Hirsch qui se marie avec le CEA E. Roth; le binome E. Hirsch et J. Gueron sera à la commande d'Euratom de 1959 à 1962).
Et puis le 08 déc. 1953, c'est « l'atome for peace » du président D. Eisenhower (quand les USA venaient de faire exploser leur première bombe H en nov. 1952 et que l'URSS avait suivi dans la foulée en août 1953, mais justement cela leur coutait très cher, il fallait du retour sur investissement). C'est à dire qu'ils avaient décidé d'en faire du commerce, ils étaient alors en situation de monopole.
C'est des actions diplomatiques commandos de couloirs. Mais on se connaissait via les ONG, comme :
- le Comité d'Action pour les États-Unis d'Europe de J. Monnet,
- Le Mouvement européen , auquel P.H. Spaak avait adhéré en 1948 pour en devenir Président de 1950 à 1955 et à qui succédera R. Schuman de 1955 à 1961. K. Adenauer était dans les fondateurs;
et d'autres, mais ces deux là déjà recevaient du financement de la Ford Foundation et de l' American Commitee on United Europe lié à la CIA.
En Europe l'explication de ce choix précoce d'une énergie que personne ne connaissait n'a jamais eu d'autre explication qu'une profession de foi en les promesses d'experts officiels d'un avenir atomique radieux. Un cadeau tellement merveilleux, P-H. Spaak, J. Monnet, W. Hallstein, K. Adenauer, etc., étaient certains que pour ce qui était de Euratom, ça serait voté sans problème par les parlements des six. Chez nous c'est à un Pierre July, qui a eu un discours colonialiste raciste nauséabond au parlement le 06 mai 1947 lors de l'insurrection des campagnes malgaches (là § III-7), Grande Île dont depuis sur décision de l'X-Mines vichyste Pierre Guillaumat (son CV), le CEA exploitait les minerais d'urano-thorianite et béryllium (là § II-3 et II-4 ), qu'on a demandé de lire le petit papier d'apologie du nucléaire devant la chambre le 05/07/1956 (alors qu'il avait auparavant voté contre la CECA).
L'atome militaire n'a rien de tabou, juste rangé dans une armoire adjacente : la France pouvait faire sa bombe à coté sans problème. Jacques Van Helmont (formation Sciences Politiques), toute sa vie au service des J. Monnet, P.H. Spaak, E. Hirsh et A. de Gasperi, Directeur du service de contrôle de Euratom de 1958 à 1962 : " Le contrôle d'Euratom s'arrête au stade où les matières sont en cours de façonnage spécial pour des besoins militaires ".
Ce qui, par contre risquait fort d'achopper, était la Communauté Economique Européenne (le « marché »). Cela touchait beaucoup de sujets, les discussions étaient interminables et incertaines. De l'avis unanime l'humiliation lors de la crise de Suez a été une aide inattendue aux fédéralistes. Mais pas que, le plus important coté français était que les fédéralistes voyaient qu'ils tenaient tous les postes clé au bon moment pour ce faire. C'est alors G. Mollet, un attendant assidu des réunions Bilderberg, et qui faisait partie du Comité d'action pour les Etats-Unis d'Europe qui était président du Conseil. Il leur fallait faire très vite parce que dans cette IVè république, cela ne pouvait pas durer : la CEE a été votée en même temps que Euratom.
Le premier président de la CEE, W. Hallstein reste 10 ans. Juriste académique sous Weimar, il a servi le 3è Reich 10 ans aussi.
En février 1959 vient le deuxième président de Euratom, Étienne Hirsch, qui rapporte dans son livre (1988, p. 147 à 151): " Alors qu’aucune activité de recherche n'avait été entreprise, il y avait déjà à Bruxelles un effectif de 600 fonctionnaires, évidemment incompressible... Le directeur général de la recherche et de l’éducation [de Euratom, de 1958 à 1968] était mon beau-frère Jules Guéron … Le directeur général de l’Agence d’approvisionnement était incapable et buvait. Je l’ai remplacé par Fernand Spaak, fils de Paul-Henri... ",
p. 160 : " Les équipes de recherche, inexistantes à mon arrivée, comprenaient à mon départ un effectif de 1700 personnes... Il fallait trouver pour Ispra un thème central de recherche… c’est la filière Orgel (réacteur nucléaire à eau lourde et refroidi par un liquide organique) qui a été retenue. Ce choix… s’est finalement montré peu heureux… Le chef du projet est... devenu, lorsqu’il a quitté Euratom, le directeur général de Framatome... " [Jean-Claude Lenny, pendant 26 ans, mais c'est sur brevet américain, et qui en retour d'ascenceur prendra J. Guéron comme conseiller de 1974 à 1982]. p. 161 : " Un domaine dans lequel il a été possible d’assurer une bonne coordination des recherches, évitant les doubles emplois, est celui de la fusion. "
p. 155 : " L’article premier du Traité stipule: « La Communauté a pour mission de contribuer, par l’établissement des conditions nécessaires, à la formation et à la croissance rapides des industries nucléaires, à l’élévation du niveau de vie dans les États membres...» [2025 : France, pays le plus nucléarisé du monde, dette > € 1300 milliards] . Il s’agissait de remplir dans les plus courts délais cette mission... le mieux était de s’adresser à ceux qui possédaient le maximum d’expérience : les Américains. » " p. 151 : " J’ai reçu, entre autres, le président de l’Eximbank... Cela m’a valu un crédit destiné aux constructions de centrales nucléaires… " ; p. 158 : " J’ai rendu visite au Secrétaire au Commerce, Lewis Strauss… il avait été, jusqu’à récemment, président de l’AEC (Atomic Energy Commission); mais, d’origine, il était banquier, et mon oncle Lionel Hauser était son correspondant à Paris... ".
p. 161 : L'Euratom " a établi pour une période de vingt ans des prévisions concernant la construction de centrales nucléaires et montré que, dès que le prix de revient de l’électricité nucléaire deviendrait compétitif, on ne construirait plus que des centrales nucléaires, à la seule exception des sites où l’on disposerait de combustibles d’un prix particulièrement bas (lignite, produits résiduaires, hydraulique)... Il importait que compagnies d’électricité et constructeurs de centrales se préparent à un tel virage. "
Etienne Hirsch (son CV là Annexe A-2.) est ensuite Administrateur général du CEA de 1963 à 1970.
68 ans plus tard Euratom " ... échappe bien sûr au droit ordinaire de la Communauté Européenne en fonctionnant en dehors : aucun député européen n'a de prise sur lui. Il est dans les mains de six chef d'état" (D. Glatigny, Criirad).
Il y a déjà ce à quoi on a échappé sans la combativité de quelques personnes. Ainsi à l'automne 1986 des "experts" de Euratom, anonymes, voulaient imposer comme norme pour notre nourriture en cas d'accident atomique, de 30 000 à 300 000 Bq/kg, "des limites qu'on peut qualifier de criminelles". La députée écologiste allemande Undine-Uta Bloch von Blottnitz, Rapporteuse, écrit la CriiRad, a contré tant que peut au parlement européen (qui n'a qu'un rôle consultatif), "son rapport proposait par exemple une limite de 125 Bq/kg" (T.U. CriiRad n°77, p. 24).
Le député européen Paul Lannoye était rapporteur lors de la préparation de la Directive Euratom 96/29 sur les "normes de base en matière de radioprotection". Elle était non satisfaisante sur deux points essentiels, a) la méthodologie CIPR restait sur une approche méchanistique issue d'expositions aiguës externes pour des expositions internes chroniques, b) elle posait des valeurs-seuils en dessous desquelles, en fractionnant ou diluant, les exploitants peuvent se débarasser en disséminant. Des amendements ont donc été avancés pour rectifier le texte. Cela dit-il : "n'a été pris en compte ni par la Commission Européenne, ni par le Conseil des Ministres, le cadre du traité EURATOM leur laissant toute liberté d'ignorer le parlement...".
Corinne Lepage ("La vérité sur le nucléaire - Le choix interdit-", 2011 p. 61) : "... ni l'Agence européenne de l'environnement ni le centre européen de prévention et de contrôle des maladies ne peuvent évoquer le sujet !".
C’est dans cette structure bétonnée que sont définies les normes de protection contre les dangers de la radioactivité. Ce que les experts d'Euratom ont réussi à faire passer pour les situations accidentelles à venir est redoutable, inconnu de 99,99 % des concerné-e-s, nous-tous (ici). Ces " normes " risquent fort de l'être, connues un jour, mais ça sera un peu tard pour s'offusquer.
Les "experts" qui signent ces documents qui vont avoir des conséquences médicales et ce qui va avec sur une population sont des humains. Ils/elles font pipi et caca comme tout le monde et peuvent mentir de diverses manières. Tout est fait pour qu'on ne sache pas de qui il s'agit : là.
Au bout de deux ans et demi (!) de procédures de la CriiRad, le voile sur les noms a été levé. Mais déjà les normes avaient été adoptées. Les 3 personnes de France par exemple ont été pour cela : Jean-François Lacronique, Jean Piechowsky et Annnie Sugier. Le professeur Lacronique par exemple : " D'après lui les retombées radioactives de Tchernobyl ont été bien gérées par les responsables, et notamment son prédécesseur, le directeur du SCPRI " (CriiRad et Andra Paris, 2002, ici p.34). Vu les chiffres qu'ils/elles ont imposés comme poids à porter par les futur-e-s irradié-e-s, il fallait s'attendre à quelque chose de ce genre : un copain du professeur Pellerin.
Michèle Rivasi, députée européenne (AG CriiRad 2020) : "Le parlement européen n'a pas de voix décisionnaire sur ce traité, seulement consultative. Il faudrait que cela change et c'est une demande du Parlement Européen. Celui-ci a par ailleurs attaqué à la Cour de Justice le financement des deux EPR d'Hinkley Point en Angleterre, parce que le financement se présente sous la forme de subventions déguisées. Mais le recours du Parlement n'a pas pu aboutir, justement parce que le nucléaire est sous la tutelle du traité Euratom, pas du parlement."
Et "... 54 % du budget de la recherche communautaire sont alloués à l'EURATOM." (soit 2,7 milliards pour le 7è programme-cadre) (C. Lepage, idem)
En dec. 2013 la directive 2013/59/EURATOM decide de seuils au delà desquels les matières radioactivement contaminées peuvent être envoyées librement dans le domaine public. Cela tombe fort bien au moment où les industriels doivent démanteler usines et réacteurs atomiques. Bientôt Cyclife, filiale d'Edf, exploite deux installations, au Royaume-Uni et en Suède. Puis se profile le "Technocentre" de Fessenheim prévu pour pouvoir fondre l'équilalent de 3 tours Eiffel par an : les générateurs de vapeurs irradiés (300t chaque, prévisions 100 000 tonnes), 136 000 tonnes de l'usine d'enrichissement d'Orano-Tricasti + 500 000 tonnes prévues des démantèlements. Lors des consultations nombreux ont été celles/ceux demandant que ces futurs métaux repris restent en interne dans la filière nucléaire, c'est quand même la moindre des choses !, et bien non, elle n'en veut pas ! : ces métaux faiblement radioactifs vont donc partir, hors du nucléaire, dans le domaine public européen : voitures, vélos, casseroles, couverts, impossible de savoir où on retrouvera tout ça. Jusqu'à 2022, de par le code de la santé, une telle usine était interdite en France, il a suffit à l'élite de contourner via son Euratom, puis à dire qu'il fallait harmoniser avec l'Europe. (TU CriiRad, sept. 2024)
L'élite européenne joue avec son Euratom
Le 29/05/2005 un projet de loi autorisant la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe est rejetté en France à 53,3 % : 2,2 millions de "non" en plus que de "oui".
13 déc 2007, faisant fi du vote exprimé, l'administration Sarkosy-Fillon-Lagarde signe le traité de Lisbonne qui remplace dans la discrétion le projet de constitution rejeté par une majorité des français-e-s lors du référendum du 29/05/2005 (: petit commentaire 20 ans après).
Le 01/11/2019 le Conseil Européen, le parlement européen n'a pas ce pouvoir (juste le droit d'approuver), renvoie l'ascenceur. Il nomme pour 8 ans Christine Lagarde, habituée de Bilderberg, à la tête de la Banque Centrale Européenne.
Par ailleurs les délibérations des comités scientifiques comme l'European Food Safety Authority, EPSA, sont confidentielles, quand par exemple le chairman du comité OGM, H. Kuiper, est aussi dans un projet de ce développement ()Robin, "...Monsanto", p. 348).
Big-Pharma : Par sms la Présidente de la commission européenne (U. von der Leyen) et le Pdg de Pfizer (A. Burla) s'entendent en privé pour 1,8 milliard de doses de vaccins, quelques € 35 milliards, vaccins dont les pays ne voulaient plus. Ces sms restent confidentiels,
Quelques éléments de réflexion à ce sujet :
Lauréat-e-s de l'Atlantic Council : Albert Bourla PdG de Pfizer, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne...
Michèle Rivasi : ici,
Frédéric Baldan, avec Diane Protat, ont intenté une action en Belgique pour destruction de documents, à laquelle s'étaient jointes plus d'un millier de personnes et la Hongrie, mais le jugement de la chambre des accusations a été que il « n'avait pas intérêt à agir pour la préservation de la transparence » (janv. 2025). La médiatrice de l'Union (ombudsman) avait demandé leur publication (javn.2022), en vain. Puis la justice de l'U.E.(CJUE) à jugé d'un manque de transparence, insatisfaisant (14 mai 2025, suite à plainte d'un journaliste du New York Times), mais ça s'arrête à ça. La présidence de cette Europe a inconstestablement commis des infractions pénales et reste intouchable : F. Baldan (27 oct. 2025, France Soir).